Au fil de mes recherches pour reconstituer une tenue de femme flûtiste au XVIIIème siècle, je dû me rendre à l’évidence qu’aucune femme n’était représentée avec une flûte à bec à cette époque. Nous voyons des femmes clavecinistes, gambistes, violonistes, jouant de la musette ou de la vielle à roue, mais aucune n’est représentée jouant d’un instrument à vent. Cela traduit sans doute l’idée qu’il ne sied pas à une femme de porter un instrument à la bouche. N’ayant pas cherché de représentation de musiciennes au XIXème et au XXème siècle, je ne sais pas dire à partir de quelle période les femmes sont de nouveau représentées jouant d’un instrument à vent.



Dès lors, il ne m’est pas possible de reconstituer un personnage féminin du XVIIIème siècle jouant de la flûte à bec. Soit je m’habille en homme, soit je cherche une autre époque!
En remontant quelques décennies plus tôt, au XVIIème siècle, les représentations de femmes ou de fillettes jouant de la flûte à bec, ou un instrument à vent, sont rares mais présentes.

Cette scène de genre est saisissante de vitalité! Une fillette joue d’un instrument à vent (qui ne semble pas être une flûte, mais plutôt une anche double) tandis qu’un garçon « apprend à danser » à un chaton. Les enfants s’amusent tellement bruyamment qu’un adulte passe la tête par la fenêtre sans doute pour leur intimer d’arrêter. Le chien doit aussi donner de la voix…Les enfants portent des vêtements d’un bon niveau social, un luth est accroché au mur: nous sommes dans une maison de classe moyenne supérieure. Ce tableau date de la seconde moitié du XVIIème siècle, cette fillette jouera donc d’un instrument à vent jusqu’au début du XVIIIème siècle. Ou bien cessera-t-elle car c’est jugé trop indécent?

Ce tableau met à l’honneur une femme qui apprend la musique d’un professeur d’allure très modeste. L’élève montre une grande application, et ne lit pas de partition.

Ici nous voyons un jeune couple, ils regardent le peintre et posent avec leurs instruments. Ils sont en intérieur, le pied se réchauffant sur une chaufferette remplie de cendres. Le costume est quotidien, et montre qu’ils sont d’une classe moyenne supérieure.

Ici une femme joue seule, presque pour elle-même. La présence d’une partition nous montre qu’elle sait lire la musique, donc qu’elle est instruite. Sa tenue simple indique qu’elle est dans son intérieur, la collerette (cette cape blanche qui recouvre les épaules) est une protection pour les activités domestiques. Sa coiffe, élaborée, indique son rang social, plutôt aisé, confirmé par la perle qu’elle porte à l’oreille droite. Ses vêtements sont en soie et laine. Jouerait-elle du Jacob van Eyck?
C’est cette hypothèse que j’ai retenue pour reconstituer « une femme flûtiste vers 1630 ».